Isabelle
« Ciel incroyablement clair. Le ligné lumineux se découpe et n’a pas l’air d’être un début de soleil. Il faut du temps pour le reconnaître. Je découvre un espace et un paysage totalement inconnus. C’est une autre ville, un autre espace que les questions familières où j’ai vécu, travaillé, circulé pendant tant d’années. Très étranges – les souvenirs reculent, s’éloignent, j’imagine les vies invisibles dans les carrés minuscules des tours. Les intimités, les familiarités que des milliers d’humains se fabriquent à l’intérieur de ce paysage.
Un vol de mouettes se pose sur l’herbe. Un chien brun, un chien noir, un chien blanc, parc plein de chiens. Leurs maîtres posés verticaux et parallèles. Un seul enfant en une heure, anorak rose, bottes maladroites.
Le béton angulaire, le métal rouillé, les cubes de ciment qui ont l’air de ne rien savoir de l’ovale du stade juste voisin. Les marcheurs ont un espace immense, la lumière et l’air frais se posent sur leurs visages mais aucun ne lève les yeux, tous ont l’air d’ignorer que le soleil se lève.
Le soleil, lui, est attentif, il veille à de la douceur sans rupture au-dessus du chaos des villes en désordre. Nappes de brume et de couleurs horizontales. Beaucoup d’amitié pour les vies qui se fabriquent, ne font pas attention à lui mais savent qu’elles peuvent compter sur lui. La lumière semble résister à toutes les catastrophes, elle reste là. »
Isabelle