Témoignages

Année #2

Ensemble Erard-Charenton, Paris 12e du 08/09/2023 au 08/09/2024

Sarah

vendredi 1er mars 2024 à 17 h 34

Dès que la porte se ferme, la rumeur de la ville dimi­nue et je me retrouve dans la bulle de l’objet-abri. Impressionnant ! Un cadre lumi­neux se reflète sur la vitre, on dirait une œuvre d’art contem­po­rain. Une découpe lumi­neuse de la ville. Petit à petit, je prends pos­ses­sion de mon lieu de veille : d’inté­rieur et d’exté­rieur. Je me sens petite face au ciel et immense face à la ville. À gauche, le ciel est noir, mena­çant, à droite, une belle percée de lumière, c’est pres­que mani­chéen. Je tente d’encou­ra­ger la percée et j’entre dans la lutte. Le vent gronde et faut trem­bler le sol sous mes pieds. Est ce que les veilleurs de Phare aussi sen­taient les vibra­tions du vent ou des vagues ? Les mouet­tes entrent dans le jeu. Il se met à pleu­voir au loin, et le vent se trans­forme en vagues. On n’est plus très loin de la mer. La ville est une immense mer que j’engage de pro­té­ger, de sur­veiller. Un vélo manque de se faire écraser. Il faut que j’accepte d’être impuis­sante à aider. Je me réconforte en me concen­trant de nou­veau sur la percée lumi­neuse que s’est déjà déca­lée bien à droite. Il y a tel­le­ment de vent que je peux ima­gi­ner, comme quand j’étais petite, que c’est l’objet-abri qui bouge et non les nuages. Ca y est, cette fois, je navi­gue ! Je conti­nue de veiller sur la ville en toute dis­cré­tion. Ah, un pas­sant me remar­que, je ne suis pas si invi­si­ble que ça, fina­le­ment. Les mouet­tes tour­billon­nent avec le vent, la pluie se déchaine vers la Défense mais mon petit coin de ciel résiste. L’autre côté de l’objet-abri est mouillé, incroya­ble, mon côté est sec. Je dois être à la proue du navire. Je prends confiance en moi, je me laisse aller et porter par le noir et toute la ville se retourne vers lui. C’est fou ! Les lumiè­res s’allu­ment, les gens ren­trent chez eux, la ville se calme. je vois que j’ai veillé. Est-ce que les veilleurs de Phare s’ennuyaient ? Je ne sais pas mais en tout cas, j’avais pres­que trop à faire ! Merci pour ce voyage hors du temps !

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