Maëlle
« L’histoire de cette veille a commencé dimanche 3 avril en arrivant en Gare d’Austerlitz à 8h47 par le train de nuit relayant Capdenac-Gare à Paris, avec cette petite appréhension au ventre que de retrouver ce monstre de béton. Première traversée : un flot continu de joggeurs du marathon de Paris. Le corps contraint dans cette boîte en bois, je veille sur la ville et ce joggeur en short rouge qui fait six allers-retours dans le parc, disparaissant et réapparaissant de mon point de vue. Bernard, mon accompagnateur, m’a dit en arrivant qu’il profitait de cette veille pour faire en chemin sa course à pied. J’ai veillé sur ce joggeur en short rouge (et d’autres encore qui ont couru dans le parc ce matin) tandis que Bernard, en tenue de sport, veillait sur moi. Et imperceptible dans ce paysage urbain à l’infini, j’ai veillé sur vous, contrainte et à l’arrêt, statique et réparée, à contre-courant de ce mouvement perpétuel et effréné, de ce ballet quotidien d’un petit million de personnes qui chaque jour se déplace d’un point à l’autre de la ville, aux aurores, pour aller courir, travailler, étudier, sortir son chien, prendre le train… Ce mouvement, c’est aussi celui des oiseaux qui entrent et sortent de mon champ de vision, explorant pour moi au-delà du cadre qui m’est imposé. Ce matin, je suis chanceuse. La famille de perruches au pelage vert anis est de sortie.
Ce sont des histoires qui se tissent à partir d’un petit détail capturé en chemin. »
Maëlle