
Valerie
Après un trajet un peu mouvementé et stressant, me voici dans cette cabane pour veiller au lever du soleil.
À peine entrée, j’aperçois, qui se reflète dans cette grande baie vitrée, un cadre lumineux qui forme comme le fin liseré d’un cadre de tableau. Une sorte aussi de sas futuriste, nous invitant à la songerie et à une autre sphère temporelle.
Deux mondes s’opposent : celui des immeubles, assez hideux, surtout avec les gros nuages gris qui obscurcissent le ciel, et celui du poumon vert de ces tours grâce au jardin potager qui est au milieu. La lune est la plupart du temps cachée. Un jeune est sur le terrain de basket et s’amuse, avec persévérance, à tenter de marquer des paniers. Il manque souvent des essais mais lorsqu’il prend son temps, se concentre avant de viser, le point est marqué !
Après ces premières minutes, je ne sais combien. Je sens une détente envahir mon corps et me laisser bercer par la beauté de la lune ronde, les oiseaux survolant le jardin, s’élançant du cube comme des deltaplanes, déployant leurs ailes et faisant des piqués impressionnants. D’abord les pigeons, puis deux perruches, des hirondelles, des pies.
Les gros nuages noirs qui cachaient la lune s’étaient décalés et je perçois derrière eux une faible luminosité. Bonjour Monsieur Soleil, je vous attendais. Merci de chaque jour illuminer mes journées. Je vous cherche ne sachant pas d’où vous allez surgir. Le ciel plus bleu que bleu, des nuages blanchâtres devenus des barbes à papa, la lune radieuse et moi privilégiée de ressentir sans aucune obligation ni sollicitation. D’un coup ébloui, le soleil me sourit. Mon ventre gargouille, j’irais bien croquer dans une de ces belles tomates bien mûres. Les oiseaux sont comme des enfants en récréation. Les premiers joggeurs apparaissent et leurs pas résonnent plus vite mais moins longtemps que le ballon. Les couleurs s’illuminent. Les immeubles sont moins disgracieux. C’est fou ce qu’il y aurait à dire encore sur ce qu’on peut voir, entendre, imaginer quand on est ancré sur l’essentiel : le vivant ! Merci Saint-Ouen de me compter parmi tes veilleurs !