
Sophie
Je veille sur le jardin et je veille sur moi. Je veille sur moi puis sur le jardin. Je suis clivée : une partie de moi, le devant, transpire alors que l’autre partie, le derrière respire. Le tableau qui s’offre à moi a 8 parties, 8 rangées : herbes basses, herbes plus hautes, réservoir, arbres, réservoir, les serres et enfin la rangée d’immeubles au loin. Tout est encore ensoleillé lorsque je pénètre dans l’abri, les arbres sont couverts de feuilles d’or. Peu à peu, les 8 rangées se confondent, une masse se forme et le paysage se compose avant tout de la rangée d’immeubles au loin et de la masse de verdure à ses pieds. Les exercices de respiration et de médiation m’ancrent dans l’ici et maintenant. J’éteins une à une toutes les radios allumées en permanence dans ma tête pour me concentrer sur mon activité de veille. Un sentiment de sérénité me traverse, c’est fugitif. Profitons-en pour regarder à nouveau le paysage, pour nous lever et nous approcher de la paroi. Un grand angle pour continuer à être dans l’ici et le maintenant, pour se connecter à l’humanité, un grand angle pour cesser d’être frappée par une seule actualité.