Sedera
« “Qu’est ce que vous avez fait récemment pour vous retrouver ?”
M’a-t-on demandé hier en réunion d’équipe. Moi qui me sent un peu perdu récemment suite à une blessure qui ne cesse de me déstabiliser dans mes appuis. J’ai donc parlé hier du fait d’avoir retrouvé ma famille, de mes lectures, d’une séance de cinéma particulièrement émouvante… Je peux maintenant ajouter cette veille. Une heure à prendre refuge de la pluie et du monde sans jamais en être déconnectée. Une heure à trouver mon ancrage dans ma nouvelle ville, ma nouvelle vie, perchée à plusieurs mètres du sol, bercée par le cui-cui des oiseaux. Une heure à faire communion avec ceux qui vivent déjà pendant que les autres dorment encore - je ne connais pas leurs visages mais j’admire leur volonté de se mettre à courir alors que la nuit est encore là, alors que le ciel leur tombe sur la tête. Je compatis avec leurs contraintes qui les force à se mettre en route alors que tout autour, tout est calme.
Une heure aussi à regarder les petites bizarreries de nos vies. La manière dont les gouttes de pluies sur l’abri déforment le paysage que je vois à travers la vitre, cette maison en pierre qui trône comme un intru dans l’aube parmi les grosses tours qui, même si elles sont plus jeunes, semblent bien plus mal en point. Une heure pour me retrouver : une sensation d’être comme en flottaison sur le monde mais sur le point d’atterrir vers un endroit paisible, avec une conscience accrue de comment mon corps vit parmi tant d’autres. Une heure que je retrouverai chez moi pour prolonger le plaisir. »
Sedera