Pauline
Le bois craque ainsi que mes genoux. Derrière moi, j’entends les rires des mouettes, les cris des enfants qui jouent, le sifflet des jardins vides, le fracas des bennes de verre renversées. Le temps de récréation se termine. Le jour se baisse. Les nuages se lèvent. Devant moi la vie hors cadre : le garde-corps de lumière délimite la forêt d’immeubles, la tour au centre. Autour, les lignes de trains en chemin, de rares piétons en promenade de chien-loup, un gilet jaune qui couvre un toit, un jogger qui va marchant en fente avant. Je roule les épaules. Le couple sur la coulée verte regarde l’abri, ne semble pas me voir. Soudain, je vois enfin le ballon d’air. Paris respire sans fièvre. Que me souffle ce soir ? Je suis libérée avant que le ciel ne rosisse, avant que la fontaine ne s’illumine. Je pèse lourd en l’air. Je serais bien restée là. La tête dans les nuages mutants. Hors du temps. Je vais le prendre doucement, lentement, mais sûrement pour rentrer dans la ville, parcourir de beaux rêves. Bonsoir.