Nicolas
Ma veille fut pour moi un moment durant lequel je suis passé par une succession de différents états sensoriels et psychiques.
Tout d’abord, mon premier réflexe, comme beaucoup de monde je pense, fut de m’émerveiller du fabuleux panorama qui se dressait face à moi. Il m’avait déjà été donné de voir Paris d’un angle sur-élevé, mais jamais de celui-ci. Tour Eiffel, Sacré-Cœur, Tour Saint-Jacques, Notre Dame, Bercy, Le Panthéon... tout y est.
Cet état de contemplation passe assez vite. On se retrouve, en un peu moins de 5 minutes, à se dire "et maintenant ?". Se créée alors une forme d’inquiétude face à cette intimidante cloisonnée qu’il nous reste à vivre. On regarde alors la ville d’un œil plus aguerri.
Tout d’abord, les sallicitations lumineuses nombreuses viennent capter notre attention : lumières de la gare, panneau de la pharmacie, feux de signalement, panneaux publicitaires...nombreux sont les dispositifs de la ville conçus pour captiver notre rétine. On baisse ensemble les yeux et on regarde avec plus d’attention tous ces humains qui grouillent. La ville fourmille littéralement : des ouvrier sur les toits, les cyclistes, des piétons, des conducteurs, des mamans, des employés, des joggers...notre champ visuel contient en permanence une vingtaine de personnes qui vaquent à leur occupation, chacun avec style, leur dimanche. On se met alors à s’intéresser à eux, s’attacher à eux. Au loin, les activités humaines sont également visibles, les lumières des bureaux s’allument progressivement, les trains passant à une cadence de plus en plus élevée. Face à ce bouillonnement, on se rend alors compte qu’on est plus dans un état de contemplation, mais bien de veille. On s’intéresse à la ville, surveille ses habitants, vérifie que tout se déroule bien.
L’action de veiller est alors très prenante et on en vient à s’oublier en tant que veilleur. Le spectacle étant bien plus actif que ce que je m’imaginais, je me suis senti comme un être omniscient surplombant la ville, rendant ainsi l’expérience extracorporelle. Mais petit à petit, je vois mes collègues entrer dans les bureaux où l’on travaille, sonnant ainsi l’approche de l’heure fatidique : 9h30, la fin de la veille.
La ville nous rappelle alors en son sein, et on se souvent, après avoir veillé pendant une heure.