Témoignages

Année #2

Ensemble Erard-Charenton, Paris 12e du 08/09/2023 au 08/09/2024

Michèle

samedi 17 août 2024 à 06 h 47

Trop court !
D’abord, la vue, explo­rer, reconnaî­tre, iden­ti­fier les monu­ments. Trouver les repè­res. Franchir la ligne, aller au plus près de la vitre.
Reculer, se retour­ner, ne rien vou­loir perdre de la lumière qui pointe.
Les cou­leurs émergent : le bleu d’un échafaudage, les verts des arbres, les mai­sons recou­ver­tes de tuiles (sont-ce bien des tuiles ?) près de la Gare de Lyon.
Les pre­miers trains arri­vent. Des lampes, des ensei­gnes s’allu­ment, des devan­tu­res de café, sans doute.
Quelques ombres noires en bas. Puis moins noires. Un para­pluie rouge.
Bien avant le para­pluie, j’ai vu la pluie arri­ver, la nuée sur l’Ouest gagner toute la ville.
Une voi­ture noire se gare juste en bas, en face dans la rue de Charenton. Est-ce un infir­mier qui en des­cend ? Il va d’un pas sûr vers un petit immeu­ble, s’y engouf­fre. Je guette dans l’immeu­ble une fenê­tre qui s’éclairerait, indi­quant son pas­sage. Il res­sort avec des paquets quel­ques minu­tes plus tard, qu’il dépose dans le coffre de sa voi­ture. Sans doute cela a-t-il duré plus long­temps. Je ne vou­lais pas le rater. Je me racontais une his­toire. Pourquoi res­tait-il si long­temps auprès de sa voi­ture ? Pourquoi en lavait-il le pare-brise ? Qui atten­dait-il ?
Un enfant est sorti, en cou­rant, puis un peu plus tard, un autre, cou­rant lui aussi, tous deux se sont engouf­frés à l’arrière de la voi­ture. Leur mère, enfin. Les voilà qui par­taient en week-end…
Observer cette famille, lire des signes, décryp­ter des énigmes, c’était étonnant.
Je me sen­tais proche, comme l’ange gar­dien du film de Wim Wenders.
J’ai aussi fait des petits mou­ve­ments de qi-kong pour ne pas avoir trop mal au dos. Mais peut-être trop. J’aurais voulu être plus concen­trée. J’aurais voulu que le temps s’étire encore davan­tage.
J’aurais voulu tout voir, et on ne peut pas tout voir.
Même si en appa­rence, par un matin comme celui-ci, il ne se passe pas grand-chose. Le manège du balayeur entre les deux trot­toirs, qui s’éternise, qui va et revient sans cesse, sou­le­vant une plaque sombre, tout cela m’intri­gue.
Les cou­leurs plus loin, plus haut, se sont fon­dues dans le gris uni­forme de la pluie. On ne dis­tin­gue plus ni Notre-Dame ni le Sacré-Cœur.
Revenir au petit, au proche, à ce que l’on peut goûter.
Merci pour cette expé­rience !

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