Témoignages

Année #1, La Maison populaire

La Maison du parc du 02/10/2021 au 02/10/2022

Mathias

lundi 18 juillet 2022 à 06 h 06

« Comme le chante Virus, “la nuit n’attrape jamais froid, ni aux yeux ni où que ce soit”. C’est encore plus vrai ce matin, au début d’une jour­née qui s’annonce cani­cu­laire. À peine ins­tallé, j’assiste déjà au spec­ta­cle d’une ville qui s’éveille. Les croas­se­ments des cor­beaux font écho à la valse des bruits de moteur, tandis que les plus témé­rai­res des spor­tifs enta­ment leurs pre­miers tours de piste en contre­bas. La lumière se répand peu à peu, dévore les toits et les faça­des un à un. L’expé­rience est gri­sante, je me sens témoin d’un spec­ta­cle vivant, atten­tif au moin­dre four­mille­ment depuis mon phare qui domine les envi­rons.
C’est également le réveil d’une ville dans la ville, puis­que des dizai­nes de tentes de migrants et de réfu­giés ont été ins­tal­lées à quel­ques mètres de la maison du parc. Hommes, femmes et enfants se lèvent peu à peu pour la pre­mière prière ou encore pour faire une toi­lette. Depuis ma tour, bien qu’elle ne soit pas d’ivoire, je me sens à la fois si proche et si éloigné d’eux. J’ai la dou­lou­reuse sen­sa­tion de m’immis­cer dans leur inti­mité, de les épier sans qu’ils ne le sachent. Après une nuit de songes, le jour se lève, accom­pa­gné du retour à la réa­lité du monde, à ma réa­lité. L’ins­tal­la­tion du Cycle des Veilleurs prend alors un autre sens pour moi. Veilleur, le mot est fort : veiller sur le monde, c’est aussi veiller sur soi-même, et veiller sur les autres. Vaste tâche aujourd’hui, mais impor­tante.
Merci pour ce moment de poésie. »

Mathias

Partager sur :