Mathias
« Comme le chante Virus, “la nuit n’attrape jamais froid, ni aux yeux ni où que ce soit”. C’est encore plus vrai ce matin, au début d’une journée qui s’annonce caniculaire. À peine installé, j’assiste déjà au spectacle d’une ville qui s’éveille. Les croassements des corbeaux font écho à la valse des bruits de moteur, tandis que les plus téméraires des sportifs entament leurs premiers tours de piste en contrebas. La lumière se répand peu à peu, dévore les toits et les façades un à un. L’expérience est grisante, je me sens témoin d’un spectacle vivant, attentif au moindre fourmillement depuis mon phare qui domine les environs.
C’est également le réveil d’une ville dans la ville, puisque des dizaines de tentes de migrants et de réfugiés ont été installées à quelques mètres de la maison du parc. Hommes, femmes et enfants se lèvent peu à peu pour la première prière ou encore pour faire une toilette. Depuis ma tour, bien qu’elle ne soit pas d’ivoire, je me sens à la fois si proche et si éloigné d’eux. J’ai la douloureuse sensation de m’immiscer dans leur intimité, de les épier sans qu’ils ne le sachent. Après une nuit de songes, le jour se lève, accompagné du retour à la réalité du monde, à ma réalité. L’installation du Cycle des Veilleurs prend alors un autre sens pour moi. Veilleur, le mot est fort : veiller sur le monde, c’est aussi veiller sur soi-même, et veiller sur les autres. Vaste tâche aujourd’hui, mais importante.
Merci pour ce moment de poésie. »
Mathias