Marine
« Avant d’aller à la réunion, j’avais pensé que je lirai.
Avant de partir ce matin, j’ai hésité à prendre une pince à épiler pour tricher.
En me coffrant, j’ai bien failli m’asseoir. Chaque fois je me suis souvenue du but.
D’abord, j’ai vu les oiseaux. La chorégraphie des pies et des pigeons sous l’œil d’une corneille. Il y avait ce grand robot ; immeuble à flash.
Les coureurs avaient des façons de bouger très différentes. Moi aussi j’ai gesticulé sur mes appuis. Je me suis échauffée : la nuque, les poignets, les hanches, les genoux, les chevilles comme à l’école. J’avais toujours froid.
J’ai allumé le radiateur. Les fenêtres étaient toutes petites. J’ai fait le tour des balcons pour trouver un humain. J’en ai trouvé un à l’est. Rien à l’ouest mais soudain dans le reflet de la vitre le disque s’est montré.
Je me suis retournée pour m’y confronter. Il y avait un tunnel rose qui débouchait ou bien un cachet d’aspirine qui tremblait sur son autel.
Autour de la forme une lumière se baladait, épileptique. J’ai regardé le bois. Je me suis détachée de l’hypnose. J’ai baladé mes doigts sur les nœuds.
J’ai fait 5 pompes, puis 50 abdos. J’ai chanté la Bohème sans le refrain chiant. J’ai marché d’un bout à l’autre comme un fou stressé en criant un mot chaque fois que je me trouvais arrêtée par le verre. J’ai salué le soleil. Chien tête en bas et quelques autres acrobaties. Le monsieur qui ramasse les déchets n’est pas très consciencieux. Les propriétaires de chiens s’entendent plus ou moins et n’élèvent pas leur chiens de la même façon. Paris semble plus petit sous la lumière. Les arbres ont grossi. J’ai chanté “Do le do il a bon dos”. J’ai recommencé car j’entends que je chante faux. Je ne me suis pas amélioré. Le soleil est trop fort pour mes yeux maintenant. Je me suis dit que je l’aimais mon homme puis je me suis dit que je ne l’aimais plus.
J’avais déjà éteint le radiateur depuis bien longtemps. »
Marine