Marine
« Tout d’abord merci pour cette boîte aux proportions si justes, qui définit l’espace-temps de cette veille. Justesse de garder un cache dans la projection de soi qu’est la veille, se mettre en rapport avec le monde, avec l’astre. Avec la lignée des veilleurs qui m’ont précédé également, qui ont laissé une si bonne énergie, qui me fait vibrer des pieds à la tête quand je me cale les mains posées sur les planches de bois. Cadre juste enfin pour une salutation au soleil, une asana au propre et au figuré, une fois n’est pas coutume !
Je me suis demandée : « qu’est-ce que bien veiller ? » et ne trouvant pas la réponse en moi de cette bienveillance j’ai regardé celle des autres sentinelles du parc, écouté les merveilles des oiseaux se fondre peu à peu dans les bruits de la ville, je me suis amusée de la longueur des ombres distendues des joggeurs et des promeneurs avec leurs chiens. Bienveillance de celui qui n’a plus les pieds sur terre à destination de ceux qui foulent sans relâche le sol…
Bien veiller c’est donc transmettre.
Et puis chut ! Ne plus réfléchir, se laisser absorber dans la contemplation de l’ouest, là où la ville se révèle peu à peu, les fenêtres par-ci, par-là qui scintillent, la flèche d’or de l’École Militaire qui veut emporter le morceau et tapine au coin de votre œil. C’est beau, une ville le matin aussi.
Aux veilleurs qui me suivent, je souhaite de se dépouiller très vite de leurs idées préconçues pour recevoir les traces de tous les secrets que j’ai déposés dans cette boîte à trésor qui rutile à présent dans la joie du matin – saurez-vous les écouter ? »
Marine