
Marie
Mon Veilleur est absent. Pour la deuxième fois, je suis là-haut.
Les rues sont tranquilles : danseurs de bals, fêtards sont couchés ; aucune voiture, à peine un vélo-livreur.
C’est un jour triplement spécial :
dimanche
14 juillet
la flamme Olympique à Paris !
Des bruits de trains de la gare proche remontent, parfois un oiseau zigzague et disparaît. Le temps est désespérément beau. Un ciel lisse.
Soudain des jets d’avions lointains, de petits vrombissements, des traces blanches pointillées. Mon regard va vers l’Arc de Triomphe, devant les tours de la Défense au loin. Les militaires doivent y être déjà apprêtés, rasés, cirés… armes au poing.
Je suis bien dans l’Abri. Ça sent le pin.
Petite, j’ai vécu dans un pays en guerre. Quand on disait « Tous aux abris ! », mon frère et moi, on filait sous la table. Parents, voisins criaient, les fenêtres éclataient, des bombes explosaient dans la rue. Nous, les petits, on jouait ! On répétait en boucle une chanson de marche :
« Le matin, tout resplendit, tout chante La terre rit, le ciel flamboie... »
QUI veillait sur QUI ?
Ici, j’ai confiance, seule dans l’épaisseur du silence.
Les oiseaux ont pris le dessus dans le ciel, la danse peut recommencer...
Merci !