Manon
La crainte de ne pas avoir le bon ton, les bons mots. Elles ont écrit quoi les autres ? Être trop spirituelle ou pas assez ? Changer d’avis et raconter sa veille ou garder ce moment pour moi. L’entre deux. Avant de veiller, je craignais cette heure seule avec moi-même, j’avais peur d’où mon cerveau pouvait m’emmener en pensée. Mais en fait, je me pensais probablement plus spirituelle que je ne le suis. J’ai essayé de compter le nombre de vis dans l’abri mais j’ai été prise de court par les trous sans vis. J’ai essayé de compter une minute avec les Mississippi, j’ai du m’y prendre 3 fois. J’ai pesé le pour et le contre d’avoir un balcon ou une terrasse. Est-ce que les gens qui conduisent dans la vélorue se sentent coupables ? J’ai jamais pris un vélib, j’ai peur des cyclistes à Paris. J’ai aussi essayé de compter : les cyclistes, le nombre de pas que j’ai fait, les voitures sur la vélorue, les poussettes, les chauves (on les voit bien depuis l’objet-abri) mais en fait, j’étais distraite. Comment est-ce qu’ils ont mis ces arbres sur le trottoir d’en face ? Qu’est ce qui suivra Aldi et le Comptoir des Marques (Dégriffés ! Prix fous !) dans cet espace commercial de 406m² RDC et 200 et quelques m² au 1er ? Pour ou contre s’arrêter en double file ? Est ce que si je mets mon front sur la vitre ça laissera une marque que je ne pourrais pas effacer ? Bon sang à quoi elles ont pensé les autres ? Un Mississippi, deux Mississippi, ha il y a des gens qui me regardent. Faire coucou ? Faire coucou. Ils font coucou en retour et d’un coup une sensation de chaleur. C’est ça le moment le plus profond de ma veille, je pense. Ce moment partagé avec des inconnus, se voir et se saluer. Juste comme ça. La douceur de l’humanité. Je voulais être celle qui compte et qui a des stats marrantes en sortant. Je suis celle qui divague et qui fait coucou. Je préfère je crois. Merci.