Lysandre
Le métro, la foule, la peur d’être en retard. Puis, on sort de terre, on prend de la hauteur, on s’extrait de son angoisse. A l’abri. Prendre conscience de l’immensité offerte à son regard, de l’odeur du bois, de la rumeur qui s’élève de la ville, de soi. Se sentir invisible, à la fois pleinement dans la ville et extérieur à celle-ci. Puis, par le regard d’un passant, comprendre que l’on s’offre au regard de tous et que l’on sera objet de curiosité. Cette curiosité ne dure qu’une vingtaine de secondes puis il faut continuer son chemin ou alors ne même pas s’arrêter et avancer le nez en l’air au risque de rentrer en collision avec un poteau. Le regard détaille la ville de la plus petite chose à l’immensité ; du moucheron à l’être humain, aux immeubles, aux quartiers entiers, à la ville entière qui recouvre tout à son passage. Puis, le ciel. Tout d’abord aveuglant puis se faisant de plus en plus doux, le soleil rythme le passage du temps. Comme l’unique grain de sable d’un sablier gigantesque, il tombe jusqu’à se poser sur l’horizon. Il semble s’y stabiliser pendant quelques instants. Puis il commence à grignoter la Terre. Il y fait son trou et disparaît.