Témoignages

Année #3

Grand Parc de Saint-Ouen, du 15/12/24 au 15/12/25

Lucie

mercredi 5 février 2025 à 08 h 14

En entrant dans l’abris, je suis frap­pée par la vue. Je décou­vre le jardin que je n’avais jamais vu, comme l’impres­sion qu’il n’y a rien entre nous est l’air, et le jardin. Dans mon dos, la ville, le bruit, les hommes, la cir­cu­la­tion bruyante et pour­tant embou­teillée. L’acti­vité humaine. Face à moi, le calme. La terre. Le vert. La brume. On dirait qu’il ne se passe rien. Pourtant ça doit regor­ger d’acti­vité invi­si­ble. Je suis frap­pée par le contraste. D’un côté, tout le monde se déplace pour aller tra­vailler, loin de chez soi. De l’autre, c’est la terre qui atta­che celle ou celui qui la tra­vaille. Être lié à la terre, à un espace précis, avec lequel en entre­tient un dia­lo­gue, on fait alliance. Dans les voi­tu­res, iels sont déta­ché·es de tout. Coupé·es du monde dans leur habi­tude.
Le rec­tan­gle de jardin est cerné de brume, de béton, d’immeu­bles. Pas d’hori­zon ou pres­que. Je me demande si la vue sur le jardin est un argu­ment com­mer­cial pour cons­truire / louer / vendre ces immeu­bles...
Quelques habi­tant·es : pies, merles, pigeons, mouet­tes, étourneaux, et ces petits oiseaux dont je suis frus­trée de ne pas connaî­tre le nom, choux, sala­des, blet­tes, arbres (qui sont-iels ?), quel­ques rares humain·es, calmes, ralen­ti·es, pro­me­neur·­ses, veilleur·­ses.
Et si le béton s’écroulait, com­bien de temps fau­drait-il aux saxi­fra­ges pour s’infil­trer dans les fis­su­res ?

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