
Lucie
En entrant dans l’abris, je suis frappée par la vue. Je découvre le jardin que je n’avais jamais vu, comme l’impression qu’il n’y a rien entre nous est l’air, et le jardin. Dans mon dos, la ville, le bruit, les hommes, la circulation bruyante et pourtant embouteillée. L’activité humaine. Face à moi, le calme. La terre. Le vert. La brume. On dirait qu’il ne se passe rien. Pourtant ça doit regorger d’activité invisible. Je suis frappée par le contraste. D’un côté, tout le monde se déplace pour aller travailler, loin de chez soi. De l’autre, c’est la terre qui attache celle ou celui qui la travaille. Être lié à la terre, à un espace précis, avec lequel en entretient un dialogue, on fait alliance. Dans les voitures, iels sont détaché·es de tout. Coupé·es du monde dans leur habitude.
Le rectangle de jardin est cerné de brume, de béton, d’immeubles. Pas d’horizon ou presque. Je me demande si la vue sur le jardin est un argument commercial pour construire / louer / vendre ces immeubles...
Quelques habitant·es : pies, merles, pigeons, mouettes, étourneaux, et ces petits oiseaux dont je suis frustrée de ne pas connaître le nom, choux, salades, blettes, arbres (qui sont-iels ?), quelques rares humain·es, calmes, ralenti·es, promeneur·ses, veilleur·ses.
Et si le béton s’écroulait, combien de temps faudrait-il aux saxifrages pour s’infiltrer dans les fissures ?