Lise
Solidement ancrée dans mes deux pieds, les épaules droites et les mains dans le dos, je sens comme un veilleur de musée. Qui pourrait bien voler Paris sous mes yeux ?
Mes yeux sont grand ouverts et pourtant je me sens aveugle.
Comment tout voir ? Comment ne pas se sentir tout petit et invisible ?
Le silence au cœur du vacarme, la solitude au milieu de la foule : Paris est méconnaissable.
Le gris du zinc et celui des nuages sont suspendus à ce point d’orgue rose derrière la Défense. Nous attendons tous. Les martinets d’abord, les étourneaux ensuite : la nature va se cacher. Le temps s’accélère, le couchant allume de petits incendies partout dans la ville, mon cœur s’emballe, dans la hâte de tout. J’ai le sentiment d’assister au dernier coucher de soleil sur Paris.
Incrédule, bouleversée, je laisse mes yeux couler.
Quelles beautés… Veillons encore, toujours, gardons nos yeux ouverts, émerveillés, embués.