Laurence
Tout d’abord, apprivoiser le vertige. S’approcher du vide. Voilà.
Je suis venue voir l’envers et le dessus du décor de ce quartier que je connais bien. J’ai le temps. Et la lumière très belle de ce milieu d’automne. Ce qui a attiré mon regard tout d’abord, ce sont tous ces conduits de cheminées rouge brique, très éclairés. J’ai pensé qu’ils étaient des petits veilleurs eux aussi. J’ai opéré des allers-retours entre le proche et le lointain. Le proche : la rue de Charenton à mes pieds, les passants, les petits coins de verdure confidentiels nichés sur les petites terrasses, le morceau de promenade plantée, les esclaves de Michel-Ange qui constituent la corniche du commissariat du XII... Le lointain : la Tour Eiffel bien sûr, et le Dôme des Invalides à côté, qui ne la ramène pas, le Mont Valérien derrière, plus à droite le nouveau Palais de Justice. Je me rapproche du XII, je reconnais l’hôpital des Quinze-Vingt. Est-ce lui qui me cache le Génie de la colonne de Juillet ? Ou bien l’Opéra Bastille ? Impossible de l’apercevoir.
Je suis allée faire un tour de l’autre côté de l’abri. Autre lumière. Le rocher aux singes du zoo de Vincennes au loin, le périph qui grouille, les camemberts dorés posés sur le toit de la rue Jacques Hillairet, la bibliothèque Saint-Eloi, le square de la Baleine.
Retour du côté de la vue noble. L’horloge de la gare de Lyon m’indique que c’est fini. Déjà fini.