Laure
Je me suis demandé quelle couleur tu aurais ce matin au réveil. Car hier, un homme a perdu dramatiquement la vie de l’autre coté de notre ville. Je pensais voir tes larmes. Mais non, cher soleil, tu as revêtu quelques nuances de gris et tes plus beaux atours pour ce dimanche matin.
Alors j’ai laissé mon esprit vagabonder et repérer tous les petits détails de la ville qui s’éveille, ce dialogue de clignotements entre les immeubles, les premiers coureurs sur la Coulée Verte, les chiens en balade, les voyageurs en partance, les éboueurs au balai actif.
Puis sont venues les questions : qui est déjà venu ici ? Qu’ont-ils pensé ? Quelles mémoires ont traversé cet espace ? Il me manquait des traces, des messages. Rien. A part ces traits noirs sur le sol. D’usure ?
A ce moment, tu as choisi de faire danser des flocons, venus de nulle part. Ils m’ont poussée à me mettre à leur rythme, comme un tourbillon puis un pendulier. Je me suis demandé quelle heure il était. Mon regard s’est alors heurté au cadran de la gare de Lyon, qui était pourtant sous mes yeux depuis le début. 9h17. 45 minutes de veille déjà...Le temps restant m’a semblé aussi long que le temps écoulé, modifiant ma perception.
Une parenthèse à regarder ma ville. Une impression de hauteur, à la fois dominante et impuissante...
Veiller finalement, est-ce juste regarder et vérifier, ou agir pour que d’autres matins lumineux ou neigeux adviennent ?