Témoignages

Année #2

Ensemble Erard-Charenton, Paris 12e du 08/09/2023 au 08/09/2024

Guy

dimanche 22 octobre 2023 à 08 h 22

Tout d’abord, merci aux arbres qui ont donné leur vie pour qu’existe une gué­rite sur le toit de cet immeu­ble d’habi­ta­tion.

Mes pen­sées vont au dan­seur Erdem Gündüz, l’« homme debout » de la place Taksim qui, en 2013-2014, résista pen­dant des jours et des nuits à l’ordre urbain imposé à coups de des­truc­tions d’espa­ces publics et de cons­truc­tions de tours et de barres par le Maire d’Istanbul et futur pré­si­dent turc.

Merci aussi aux pier­res, au sable, à la terre et à l’eau entrés dans la com­po­si­tion de cette ville-ter­mi­tière ortho­go­nale et blan­che dans laquelle mon regard scru­ta­teur a repéré deux habi­tats « Diogène », l’un à l’est, l’autre à l’ouest, refus patho­lo­gi­ques ou sains de ranger ses affai­res comme tout le monde !

J’ai pensé aussi à Karl, le pro­ta­go­niste du roman de Kafka L’Amérique (ou L’Oublié), per­son­nage auquel songea peut-être également Joanne Leighton, « homme debout » lui aussi, à la fenê­tre d’un gratte-ciel de New York, se disant qu’il ne lui fal­lait sur­tout pas rester là, ce qu’il fera pour­tant afin de témoi­gner, àla manière d’un double raté de l’écrivain, de la folie consis­tant à faire partie de cette méga­lo­pole admi­nis­trée…

Voilà, nous sommes 7 mil­liards d’habi­tants sur la Terre et, cité-Etat de notre temps, le Grand-Paris contient un mil­lième de cette quan­tité, ce qui est à la fois peu et beau­coup…

Est-ce pour « faire avec » que nous nous ran­geons dans des boîtes ou dans des meu­bles à tiroirs sur le toit des­quels on voit des bou­quets de cha­peaux de che­mi­nées pareils à des cham­pi­gnons ?

La place man­quant sur cette page, je salue les volets orange de l’hôtel Zazie dont la sin­gu­la­rité sur­prend au coeur de l’uni­for­mité « géné­rale » ; je salue enfin l’homme « assis » là-bas, sur le trot­toir de la place du Colonel-Bourgoin, près de l’auto­mate de la Société « géné­rale », elle aussi…

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