Élodie
« Un cadre. Un horizon, une ligne de feuille traversant comme un méridien. L’horizon autour de moi – tout autour, même dans mon dos. À portée de main. D’un coup, tout le ciel m’apparaît et au-delà de lui, l’univers. Grande masse, petit point. Le ciel jaune comme un décor mais aussi comme un infini dans lequel nous sommes. Les oiseaux ont leurs vols propres, les corbeaux par deux, des perruches volent par plus grands groupes, des petits oiseaux volent isolés. Eux ne sont pas contraints comme nous à la surface. Je regarde vers le bas et croise le regard d’une famille. Nous nous sourions, nous faisons l’humanité.
L’horizon s’offre à portée de nous, c’est bien un signe malgré les quelques espèces que l’on perçoit au loin. Une ligne autour de moi. Retrouver cette dimension-là est précieux. Le soleil a disparu derrière la masse des nuages et je fais des hypothèses sur sa position. Je caresse les indices colorés dans le ciel.
J’embrasse la ville, je pose sur elle un regard bienveillant et maternel. C’est possible. Et la ville en moi, comme la forêt en moi change. Elle devient mienne sans possession. Elle est portée dans un regard et existe dans mon regard. Elle-même pose des hypothèses sur la quantité de lumière restante. Elle aussi, non plus, ne veut pas que le soleil se couche mais s’allume, s’éclaire, essaie des tentatives lumineuses. Le passage. La ville, l’horizon, l’axe qui me traverse et l’horizon qui m’entoure. Le ciel au-dessus qui s’offre à moi. Demain je le regarderai d’en bas. »
Élodie