Elisa
« En arrivant, je suis contente que le Tour Eiffel soit un fantôme au loin. Je recense : les tours, l’hôtel Campanile, la grue illuminée, la Porte de Montreuil et l’hôtel Ibis, le quartier chinois du 13e arrondissement, le rocher en toc du zoo de Vincennes. Je reconnais. Je trace un plan à l’intérieur. Vue de proximité sur quelques insectes, moucherons, qui viennent se coller à la vitre si propre. Au bout de plusieurs minutes j’y vois la trace laissée par une tête posée contre, le gras des cheveux, l’empreinte papillaire d’un·e veilleur·euse avant moi. Je prends toute la ville dans ma poitrine et j’en ai la nausée. Le ciel comme souvent enfume le paysage en masse grise. La ville dessous. À mes pieds, promeneur·euses, joggeur·euses, chiens et chiennes et leurs humain·es. Personne ne me voit veiller et je ne sais plus si je veille sur le dehors, ou le dedans, l’odeur du bois, la température confortable, mes pieds froids, la nausée, moi. A un moment, deux adolescents me voient, une salue, je leur réponds, je me demande ce qu’elles se disent, je souris, je ne suis plus seule. Brouhaha incessant du réveil de la ville et du parc, corneilles, mouettes, ados qui crient, chiens qui aboient, joggeurs bavards, périphérique à quelques centaines de mètres. Dehors, dedans. Il ne neige pas, il ne pleut pas, je regarde le ciel, j’ai l’impression qu’il va faire beau. »
Elisa