
Dorine
Quelle immense peur de se retrouver seule avec soi-même, avec son propre silence.
Mais les cris des enfants viennent rappeler que tout est lieu de vie. Des amitiés se renforcent, des comme on voit dans les films sur les bancs.
Et les moucherons, eux, ils sont loin d’être seuls à danser dans les airs. Finalement moi non plus je ne suis pas seule, des regards intrigués, des sourires, des coucous, et les jolies perruches vertes, qui volent au-dessus de moi, comme pour me dire : on est là.
Quelle beauté de voir cet immense voile donné s’emparer des jardins, des immeubles, et venir s’écraser sur la ville.
Tout brille, et comme une pie près de potirons, ça m’attire le regard. Et les fleurs, quelles sont belles, quelles couleurs !
Alors petit à petit, les jeux d’enfants sont remplacés par les bruits urbains, et le parc accueille désormais ses sportifs adultes. C’est l’heure de rentrer.
Je sens une nouvelle fois l’odeur du bois, le touche, il y a une transition.
Et quand les humains s’en vont, les souris dansent, et beaucoup, Cendrillon doit avoir un sacré bal ce soir. Mais tout le monde garde son calme. Alors je m’assois un instant et cherche de l’autre côté toute la beauté du moment.
Un dégradé passant du jaune à l’orange pour finir sur du rosé vient s’éteindre avec un bleu qui s’assombrit petit à petit. Je cherche l’illustre parmi les feuillages, dans les trous, on joue à cache-cache.
Je me rends compte que l’éclairage, en tout cas son reflet, porte la même couleur que notre Roi, et en vois finalement une carte postale, avec au cœur, un arc-en-ciel naissant. Mais mon regard dévie, les tournesols baissent la tête, je me sens finalement proche de Van Gogh.
C’est finalement dans le plus grand silence, qui fut mon moment préféré. N’entendre aucun pas, et juste profiter de ce paysage coloré car bientôt, ce sera la nuit étoilée.