Christine
« Dans la boîte ouverte aux deux bouts, ouverte pour le regard en tous cas, dans la boîte qui sent le bois et dirige nos/mes pas, mes regards.
Un isolement qui n’en est pas un.
Ce qui me frappe après un temps, un temps où je ne peux m’empêcher de chercher à identifier ce que je vois, côté Bagnolet et Paris, côté Montreuil et Vincennes et plus loin, ce qui me frappe c’est l’omniprésence humaine. Par le son. Je sens leur agitation, du bruit de fond constant, que je suppose être celui de la bretelle d’autoroute toute proche, aux éclats de voix proches.
Rien ne s’arrête, les cris d’enfants, les ordres que l’homme envoie à son chien, les jeux, les rebonds des ballons.
Je suis dedans, au cœur de cette frénésie des êtres, dans l’incroyable variété des choses qu’ils et elles font, en permanence. Je croyais que je prendrais de la hauteur, je prends de l’appartenance.
Je ferme les yeux pour me sentir être avec, dedans.
Je ne sais pas si c’est agréable. Pas totalement. J’aimerais le silence.
Je ne regarde plus sous mes pieds car les humains happent irrésistiblement mon attention lorsque je le fais.
Et un moment, quelque chose a lieu.
Je me suis allongée. Je regarde vers l’ouest. J’ai chaussé des lunettes de soleil et elles accélèrent la nuit.
Elles enferment toutes les bâtisses de premier plan et les silhouettes des autres, elles se fondent, ça dénoue le regard, l’attention, et soudain, le ciel prend le dessus.
Je le vois immense. Il faut croire au ciel pour voir le silence. Plein d’effilochures de nuages, élégantes et puissantes, il ne bouge pas.
Il est haut, profond, avec les zébrures des avions qui tournent au blanc vif, puisque là aussi, les humains mettent leur empreinte.
J’ai du mal à rassembler le bas et le haut.
Je reste avec ce ciel en remerciant le Cycle des Veilleurs et Veilleuses de m’avoir offert l’immense horizon du ciel qu’il est si rare d’avoir en vue, en ville. »
Christine