Cédric
Sans trop me préparer à cette veille du matin, j’avais tout de même lu la présentation de cette performance et ce qui m’avais attiré, décidé à m’inscrire était une intuition. Je sentais qu’il y avait bien plus à découvrir qu’une veille ; qu’un éveil ou un réveil sur soi-même.
Je suis photographe et cette expérience a été pour moi la confirmation du pourquoi j’ai été attiré par la fabrication d’images. À l’âge de douze ans, j’étais timide, solitaire et triste. C’est un « pocket de kodak » qui m’a sauvé la mise : caché derrière mon appareil photo, c’était moi qui regardais et qui questionnais avec la distance nécessaire pour regarder.
J’ai retrouvé ce sentiment ce matin dans cette « cabane » et bien plus :
– cette performance est construite et résonne comme l’acte de photographier : qu’est-ce que regarder ? Questionner un paysage comme un regard, observer, garder ou retrouver l’esprit curieux, les yeux brillants
– Le lever du soleil : les buildings ne sont plus des structures construites pour loger, devenus des ombres ils se fondent dans le paysage et apporte de nouveaux matériaux pour construire un paysage. De l’autre côté, j’ai eu la chance ce matin de découvrir mille variations et possibilités de voir des paysages dont je me souvenais grâce au ciel variant selon les nuages qui formaient des bandes sombres, puis plus claires en levant les yeux. Je n’avais aucun effort à fournir, mon imagination puisait dans les archives-photos de ma mémoire. J’étais à Tirana, en Albanie avec ses buildings et les montagnes au fond, à Bombay le long de Neapen-Sea-Road, ses buildings et cette fois c’était la mer, sombre et compact un matin de mousson !
– Pour finir, l’idée si belle, si géniale de cette minuscule « cabane » (j’aime à penser que c’est une cabane) isolée de l’extérieur mais sans jamais nous en priver, nous sentir isolé assez claire pour être baigné par la même lumière qu’au dehors et surtout, pour moi le plus essentiel : cette bande lumineuse au milieu qui se reflète de chaque côté ou les vitres surtout du côté du paysage éclairé : c’est la reconstitution du regard photographique le plus simple et le plus complet, = la visée télémétrique d’un Leica M ! On est avec et dans le paysage, les deux yeux ouverts, on ne se dérobe pas mais on garde cette distance nécessaire au vrai regard du monde, (comme pour écrire). Avec toutes mes excuses à ceux qui me relisent pour ce brouillon non relu.
Cédric