Témoignages

Année #3

Grand Parc de Saint-Ouen, du 15/12/24 au 15/12/25

Caroline

mardi 26 août 2025 à 19 h 44

Il fait chaud. Cela res­sem­ble à un sauna. Tu res­pi­res l’odeur du bois. Tu enlè­ves tes chaus­su­res pour demeu­rer pieds nus et sentir le contact des plan­ches. Tu te postes côté jardin. Tu dres­ses ton petit inven­taire : les ados sur le ter­rain de basket, les jar­dins par­ta­gés, un gars tout près, au pied de "ta" cabane, dans le ciel les nuages, les immeu­bles, la haute che­mi­née. Tu te postes et tu vois la lumière chan­ger. Côté cour, les jog­gers, les cou­ples, les grou­pes, les soli­tai­res, les bancs, la rue en arrière-plan. Tu fermes les yeux. Tu veilles sur toi-même. Tu fais de petits mou­ve­ments. Tu inven­tes des petits jeux de res­pi­ra­tion, de concen­tra­tion, d’évasion. Tu penses aux pri­son­nier.e.s. Aux enfer­me­ments subis. A tes choix et à ta liberté. Tu penses aux gens qui épient. Toi tu pré­fè­res veiller. Tu te dis qu’il n’y a aucun inté­rêt à épier, que c’est mal­sain. Tandis que veiller te fait du bien. Tu as mis au point une petite astuce. Tu fermes les yeux. Tu t’abs­trais. Et à chaque fois que tu ouvres les yeux, tu vois que quel­que chose a changé. Des gens dis­pa­rais­sent, d’autres appa­rais­sent. Il y a du visi­ble et de l’invi­si­ble. Au bout d’une heure, tu fais un cons­tat sur­pre­nant et délec­ta­ble : le temps n’a pas eu de prise sur toi. Rien ni per­sonne ne t’a volé ton expé­rience.

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