Axel
« Ça sent le bois, je n’ose pas m’approcher trop près. Je vois la Tour Eiffel, mais je n’ai pas de repères. Pas encore. Où est ma maison ? Face à moi des tours, des grands immeubles. Comme là où j’ai grandi. On était au 8ème et de ma fenêtre je voyais d’autres immeubles, d’autres maisons et la colline du Gardon. C’est du côté de Marseille. Celui ou celle qui est dans un immeuble me regarde-t-il ? On me voit ? Les gens en bas sont comme les écrans des téléphones portables dans les salles de spectacle : ils bougent et le regard est attiré. Un garçon au pull bleu joue avec un ballon bleu. Très peu de personnes lèvent les yeux. Je les observe mais je suis invisible. Un moucheron sur la vitre. Les lumières des grues étaient-elles déjà allumées ? Le paysage parait écrasé. Je reconnais cette tour du 13e arrondissement. J’ai des repères, ça y est. Quand je marche, je suis inspirée, j’ai plein d’idées. Immobile, je passe du coq à l’âne. Je me dis que rien ne change. Mais si, c’est imperceptible. Je sens des petites gênes au niveau du dos. Je me déplace pour baisser le thermostat du radiateur. Plus la lumière du jours baisse, plus je me vois. Je veux dire, je vois le reflet de mon corps, son contour, sur la vitre. Mes yeux font le point. Premier plan, arrière-plan. Je ne regarde plus face à moi, mais sur les côtés, pour ne plus me gêner. Quelle heure est-il ? C’est long, mais c’est pas long. Il n’y a plus personne en bas. Les nuages bougent. C’est l’heure. Je n’ai pas parlé, ne je n’ai pas fait les 100 pas. Seulement entendu mon ventre gargouiller. Il n’est pas tard, mais c’est fini. »
Axel