Témoignages

Année #1, La Maison populaire

La Maison du parc du 02/10/2021 au 02/10/2022

Aglaé

vendredi 24 juin 2022 à 05 h 47

« Ce matin était immo­bile. Rien ne bou­geait. À peine un léger bruis­se­ment dans les arbres. Il avait plu aux pre­miè­res lueurs, le ciel sem­blait lavé. Je suis restée immo­bile à regar­der, à l’ouest. J’ai regardé pour voir. Ce matin les nuages de ce ciel lavé étaient mer­veilleux de len­teur et de trans­for­ma­tion. Leur mou­ve­ment lent pre­nait corps avec les modu­la­tions de la lumière, qui était d’abord grise, légè­re­ment bleu­tée. Le pay­sage bai­gnait entiè­re­ment dans la même teinte. Seule la frise des arbres au pre­mier plan révé­lait ses dif­fé­ren­tes varia­tions de vert. Je suis restée immo­bile à regar­der le mou­ve­ment du ciel. Une sorte de per­ma­nence tou­jours renou­ve­lée. La danse des nuages était extra­or­di­naire. En des­sous, les immeu­bles, les tours, plan­tés comme des bali­ses, sem­blaient couvés, pro­té­gés par la caresse des nuages. C’est étonnant comme la trans­for­ma­tion est à la fois visi­ble et invi­si­ble. J’ai assisté à un événement sans fin. Je suis restée debout, immo­bile pour mieux res­sen­tir ce mou­ve­ment per­pé­tuel. J’étais à la jonc­tion de la terre et du ciel, dans cet entre-deux moment, reliée par la ligne d’hori­zon. À un moment, la lumière était dans un équilibre par­fait, juste avant les pre­miers rayons du soleil, qui sont arri­vés len­te­ment, éclairant d’abord le haut des nuages deve­nus or, puis les habi­ta­tions, dans un mou­ve­ment de vague, inon­dant la ville sur son pas­sage. J’ai pensé à Georges Perec, les mots font exis­ter. Ce regard aussi. Ce matin, à cet endroit offert, j’ai pris le relai un ins­tant pour voir ce qui était. »

Aglaé

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