Témoignages

Année #1, La Maison populaire

La Maison du parc du 02/10/2021 au 02/10/2022

Abel-Antoine

mardi 2 août 2022 à 06 h 25

« Au début, je fai­sais le cake. Je me disais, je vais tout mémo­ri­ser, je vais écrire ci, ça, etc. Mais la vie m’a mis un petit cou d’humi­lité au tra­vers de la veille. Parce qu’effec­ti­ve­ment, c’est vrai­ment une veille. On veille. Au début j’ai décou­vert mon envi­ron­ne­ment, que je connais, que je connais déjà un petit peu puis­que j’habite juste en des­sous du parc. Mais en fait, évidemment, ça n’a aucune impor­tance puisqu’il ne s’agit pas du tout de ça. On accède à un autre niveau de connais­sance. On déve­loppe une inti­mité avec cer­tains oiseaux (les pies, les cor­beaux, des trucs que je ne connais pas), cer­tains immeu­bles (d’ailleurs pour la pro­chaine fois, si c’est pos­si­ble de vitré entiè­re­ment l’immeu­ble qui cache la vue des Mercuriales, ce serait top merci), la pelouse (les traces de pattes de chien qui aurait cru que je verrai ça un jour, se des­si­ner dans l’herbe), le ter­rain d’athlé.
Et alors j’ai déve­loppé une très belle rela­tion avec une dame et son chien (une rela­tion uni­la­té­rale) que j’ai regardé pen­dant de lon­gues minu­tes (j’emploie le mot minute mais fran­che­ment ça veut plus rien dire là-haut). Je la regar­dais lancer un bâton à son chien, je voyais l’expres­sion la plus pure du bon­heur sur Terre : un chien exta­ti­que qui rap­porte un bâton à sa maî­tresse. En remuant la queue, un grand sou­rire aux lèvres, mais quoi de plus beau ça merde ? La fille pre­nait vrai­ment son temps, ce n’était pas une pro­me­nade expé­diée entre deux textos. J’ai trouvé qu’on vivait un peu la même chose. Elle veillait sur son chien, je veillais sur elle. À un moment, une autre femme a surgit du bois avec son chien. Et j’ai un peu honte de le dire mais je lui en ai voulu. Un peu comme quand quelqu’un débar­que au milieu d’un moment pri­vi­lé­gié qu’on par­tage avec quelqu’un d’autre. Son chien m’a déplu aussi. Mais je me suis dit que ce n’était pas sympa de penser ça alors j’ai arrêté. Ensuite mon amie est sortie len­te­ment du cadre (avec la fenê­tre ça fait un peu comme un cadre) et j’ai éprouvé de la tris­tesse.
Je suis passé à l’autre fenê­tre et elle est réap­pa­rue quel­ques secondes, avant de sortir du parc.
Qu’est ce que c’était bien…
Ah et aussi j’ai failli chia­ler en regar­dant des oiseaux voler vers le lever de soleil, je sais pas ce qui m’a pris. »

Abel-Antoine

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